LA VERITE - I - L'empirisme scientifique: le vrai est ce qui résiste à l'expérimentation

Texte de François Jacob, « L’Evolution sans projet », in Le Darwinisme aujourd’hui


Trois parties dans le texte :
I. « Je crois que le cerveau humain a une exigence fondamentale… tout système d'explication est le produit de l'imagination humaine. »
--> Points communs entre une théorie mythique et une théorie scientifique
II. « La grande différence entre mythe et théorie scientifique,…  Ainsi le propre d'une théorie scientifique est d'être tout le temps modifiée ou amendée. »
--> Différences de démarches/méthodes
III. « Mais il y a encore une autre différence à noter… à des réponses de plus en plus générales. »
--> Différence de questionnement


Qu’est-ce qu’une théorie ?

Une représentation de la réalité --> Tentative d’expliquer des phénomènes qui s’emboîtent bien dans le paradigme (représentation unifiée de la réalité avec les autres théories d’une époque). La réalité permet de voir la réalité phénoménale, c’est-à-dire la réalité qui apparaît à nos sens.
Toute théorie essaie de percer le mystère de la réalité phénoménale et d’expliquer/comprendre la raison pour laquelle les phénomènes se produisent ainsi.

On distingue deux formes de théories, les théories mythiques et les théories scientifiques.

Différences de démarches d’après Jacob :

- Les mythes : ne servent qu’à confirmer les théories : se figent. Le scientifique tombe dans une démarche plus mythique que scientifique lorsqu’il pense avoir trouvé ce qu’il cherchait et se contente ensuite de trouver des signes qui lui donnent confirmation.
- La science : la démarche ressemble plus à une recherche de falsification.

Le point de départ d’une théorie (mythique ou scientifique) est toujours l’imagination, la seule différence réside dans l’attitude que prend le concepteur par rapport à sa théorie : cherche-t-il à la confirmer coûte que coûte quitte à interpréter tout phénomène de telle manière à la faire rentrer dans sa théorie ? Ou au contraire cherche-t-il à créer sans cesse de nouvelles expérimentations qui visent à détruire sa théorie ?
Le vrai scientifique grâce à l’expérimentation fait en quelque sorte de la résistance afin de tendre sans cesse vers un « idéal régulateur ».

Deux conséquences : pour un empiriste, la vérité c’est l’idéal d’une correspondance exhaustive entre le bloc de théories qu’il a réussi à construire (paradigme) et la réalité. Il est clair que la réalité est infiniment plus grande que nos constructions théoriques : il serait prétentieux de penser détenir la vérité.

Différences de questionnements :

- Le mythe : « pourquoi ». C’est un questionnement trop général.
- La science : « comment ». C’est une question limitée au fonctionnement. C’est le positivisme scientifique : on renonce à la question « pourquoi ? » et donc à chercher les causes premières des choses. En cherchant « comment », on se limite à la formulation des lois de la nature.

Il existe donc une dernière différence entre la science et le mythe. La science restreint son questionnement au domaine des causes efficientes (fonction des phénomènes --> comment ça se passe). Dans le domaine des causes finales, de la raison, pour laquelle les choses sont telles qu’elles sont et pas autrement (domaine du pourquoi » la science n’a pas à apporter des réponses (domaine de la métaphysique).