La philosophie avec Patrick Sorrel
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Francois Jacob, « L'évolution sans projet »

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Francois Jacob, « L'évolution sans projet » Empty Francois Jacob, « L'évolution sans projet »

Message par Admin Lun 18 Jan - 7:30

Je crois que le cerveau humain a une exigence fondamentale : celle d'avoir une représentation unifiée et cohérente du monde qui l'entoure, ainsi que des forces qui animent ce monde. Les mythes, comme les théories scientifiques, répondent à cette exigence humaine. Dans tous les cas, et contrairement à ce qu'on pense souvent, il s'agit d'expliquer ce qu'on voit par ce qu'on ne voit pas, le monde visible par un monde invisible qui est toujours le produit de l'imagination. Par exemple, on peut regarder la foudre comme l'expression de la colère divine ou comme une différence de potentiel entre les nuages et la Terre; on peut regarder une maladie comme le résultat d'un sort jeté à une personne, ou comme le résultat d'une infection virale, mais, dans tous les cas, ce qu'on invoque comme cause ou système d'explication, ce sont des forces invisibles qui sont censées régir le monde. Par conséquent, qu'il s'agisse d'un mythe ou d'une théorie scientifique, tout système d'explication est le produit de l'imagination humaine. La grande différence entre mythe et théorie scientifique, c'est que le mythe se fige. Une fois imaginé, il est considéré comme la seule explication du monde possible. Tout ce qu'on rencontre comme événement est interprété comme un signe qui confirme le mythe. Une théorie scientifique fonctionne de manière différente. Les scientifiques s'efforcent de confronter le produit de leur imagination (la théorie scientifique) avec la " réalité ", c'est-à-dire l'épreuve des faits observables. De plus, ils ne se contentent pas de récolter des signes de sa validité, ils s'efforcent d'en produire d'autres, plus précis, en la soumettant à l'expérimentation. Et les résultats de celle-ci peuvent s'accorder ou non à la théorie. Et si l'accord ne se fait pas, il faut jeter la théorie et en trouver une autre. Ainsi le propre d'une théorie scientifique est d'être tout le temps modifiée ou amendée. Mais il y a encore une autre différence à noter, c'est que la science semble, à première vue, moins audacieuse que les mythes, tant par ses questions que par ses réponses. On considère le plus souvent que la science moderne a véritablement débuté quand, au lieu de demander : d'où vient l'univers ? de quoi est faite la matière ? qu'est-ce que la vie ? on s'est demandé : comment se fait la chute d'une pierre ? comment l'eau coule-t-elle dans un tube ? comment le sang circule-t-il dans le corps ? Et le changement fut surprenant. Les questions générales ne conduisaient jamais qu'à des réponses limitées. Au contraire, les questions limitées se révélèrent conduire à des réponses de plus en plus générales.

Francois Jacob, « L'évolution sans projet », in Le Darwinisme aujourd'hui.

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