La philosophie avec Patrick Sorrel
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Florence Burgat, auteure de L'humanité carnivore, ou Animal, mon prochain

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Florence Burgat, auteure de L'humanité carnivore, ou Animal, mon prochain Empty Florence Burgat, auteure de L'humanité carnivore, ou Animal, mon prochain

Message par Admin Mer 13 Déc - 11:32

Pourquoi l’humanité, au moment où elle peut se passer de chair animale, institutionnalise l’alimentation carnée, la systématise, la généralise, la radicalise, l’universalise ? Au paléolithique, la chasse n’était évidemment pas gouvernée par les mêmes motivations… Mais aujourd’hui, nous choisissons de maintenir cette relation sanglante aux animaux alors que nous n’avons jamais été aussi bien informés de la profondeur de leur vie psychique ou émotionnelle. Au fond, il ne s’agit pas d’un problème nutritionnel ou économique, mais d’un problème d’ordre métaphysique. Dans la construction de la philosophie et du droit, on voit comment se met en place une définition privative de l’animal. Il apparaît dans l’histoire de la philosophie comme «celui qui n’a pas» : qui n’a pas d’âme, de langage, d’histoire, de société, etc. L’homme se place en haut et classe dans une entité appelée «animal» une multiplicité de formes de vie qui, bien souvent, n’ont rien à voir les unes avec les autres. On le voit dans l’histoire des religions qui, en dehors du jaïnisme, sont largement anthropocentrées. On le voit de façon encore plus nette dans le droit qui autorise les pratiques de mise à mort et la consommation des animaux. Au moment où l’humanité se pense elle-même philosophiquement, métaphysiquement, elle le fait comme une entité qui doit se couper de ce qu’elle appelle la nature ou l’animal. Comme pour se rappeler qu’elle s’est séparée des animaux, elle les tue et les mange, en cet acte si singulier qu’est l’absorption, la digestion et l’excrétion d’êtres dont nous savons qu’ils ne sont, à bien des égards, pas si différents de nous. Comment affirmer plus radicalement une mainmise que par la manducation, c’est-à-dire le fait de manger ? C’est un anéantissement bien particulier. Il y a une chose qui est, je crois, frappante et que j’ai pu constater à l’évocation du cannibalisme : au fond, ce qui fait horreur, ce n’est pas le crime, mais le fait qu’on puisse manger notre semblable, car il y a dans la manducation de la chair de l’autre une absence totale de reconnaissance. Si, dans mon livre, je fais ce détour par le cannibalisme, c’est pour essayer de comprendre plus précisément le statut de l’alimentation zoocarnée. Le cannibalisme met en lumière des choses que nous n’arrivons pas à penser dans l’alimentation carnée, dans la mesure où elle est complètement insérée dans notre pratique quotidienne et qu’elle semble aller de soi.
Florence Burgat, auteure de L'humanité carnivore, ou Animal, mon prochain

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