Texte d'Alain sur le plaisir de travailler
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Texte d'Alain sur le plaisir de travailler
Faire et non pas subir, tel est le fond de l’agréable. Mais parce que les sucreries donnent un petit plaisir sans qu’on ait autre chose à faire qu’à les laisser fondre, beaucoup de gens voudraient goûter le bonheur de la même manière, et sont bien trompés. On reçoit peu de plaisir de la musique si l’on se borne à l’entendre et si on ne chantait point du tout, ce qui faisait dire à un homme ingénieux qu’il goûtait la musique par la gorge, et non point par l’oreille. Même le plaisir qui vient des beaux dessins est un plaisir de repos, et qui n’occuperait pas assez, si l’on ne barbouillait soi-même, ou si l’on ne se faisait une collection ; Ce n’est plus seulement juger, c’est rechercher et conquérir. Les hommes vont au spectacle et s’y ennuient plus qui ne veulent l’avouer ; il faudrait inventer, ou tout au moins jouer, ce qui est encore inventer. (…) Ne demandez pas à celui qui ne sait point jouer s’il aime le jeu. La politique n’ennuie point dès que l’on sait le jeu ; mais il faut l’apprendre. Ainsi en toutes choses, il faut apprendre à être heureux.
On dit que le bonheur nous fuit toujours. Cela est vrai du bonheur reçu, parce qu’il n’y a point de bonheur reçu. Mais le bonheur que l’on se fait ne trompe point. C’est apprendre, et l’on apprend toujours. Plus on sait, et plus on est capable d’apprendre. D’où le plaisir d’être latiniste, qui n’a point de fin, mais qui plutôt s’augmente par le progrès. Le plaisir d’être musicien est le même. Et Aristote dit cette chose étonnante, que le vrai musicien est celui qui se plaît à la musique, et le vrai politique celui qui se plaît à la politique. »Les plaisirs, dit-il, sont les signes des puissances ». (…) Le signe du progrès véritable en toute action est le plaisir qu’on sait y prendre. D’où l'on voit que le travail est la seule chose délicieuse, et qui suffit. J’entends travail libre, effet de puissance à la fois source de puissance.
Alain, Propos sur le bonheur
On dit que le bonheur nous fuit toujours. Cela est vrai du bonheur reçu, parce qu’il n’y a point de bonheur reçu. Mais le bonheur que l’on se fait ne trompe point. C’est apprendre, et l’on apprend toujours. Plus on sait, et plus on est capable d’apprendre. D’où le plaisir d’être latiniste, qui n’a point de fin, mais qui plutôt s’augmente par le progrès. Le plaisir d’être musicien est le même. Et Aristote dit cette chose étonnante, que le vrai musicien est celui qui se plaît à la musique, et le vrai politique celui qui se plaît à la politique. »Les plaisirs, dit-il, sont les signes des puissances ». (…) Le signe du progrès véritable en toute action est le plaisir qu’on sait y prendre. D’où l'on voit que le travail est la seule chose délicieuse, et qui suffit. J’entends travail libre, effet de puissance à la fois source de puissance.
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