La philosophie avec Patrick Sorrel
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Sur la satisfaction des désirs : Epicurisme, stoicisme ou hédonisme?

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Sur la satisfaction des désirs : Epicurisme, stoicisme ou hédonisme? Empty Sur la satisfaction des désirs : Epicurisme, stoicisme ou hédonisme?

Message par Admin Mar 21 Nov - 18:50

Parmi les désirs, les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, les autres naturels seulement. Parmi les désirs nécessaires, les uns le sont pour le bonheur, les autres pour l'absence de souffrances du corps, les autres pour la vie même. En effet, une juste vision de ces catégories permettra de comprendre que c'est là la fin de la vie bienheureuse : l'absence de souffrance du corps et de l'âme. Car c'est pour cela que nous faisons tout : afin de ne pas souffrir et de n'être pas troublés. Une fois cet état réalisé en nous, toute la tempête de l'âme s'apaise, le vivant n'ayant plus à aller comme vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose par quoi rendre complet le bien de l'âme et du corps.
En effet, nous ne cherchons le plaisir que quand nous souffrons de son absence, mais quand nous ne souffrons pas, nous n'avons plus besoin de chercher le plaisir. Et c'est pourquoi nous disons spontanément que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse. Mais il est des cas où nous méprisons bien des plaisirs, lorsqu'ils doivent avoir pour suite des désagréments qui les dépassent, et nous estimons bien des douleurs meilleurs que les plaisirs lorsque, après les avoir supportés longtemps, le plaisir qui suit et plus grand pour nous. (...) Il faut donc en juger à chaque fois, en examinant et comparant avantages et désavantages.
Par conséquent, lorsque nous disons que le plaisir est le souverain bien, nous ne parlons pas des plaisirs des débauchés, ni des jouissances sensuelles, comme le prétendent quelques ignorants qui nous combattent et défigurent notre pensée. Nous parlons de l'absence de souffrance physique et de l'absence de trouble moral. Car ce ne sont ni les beuveries et les banquets continuels, ni la joie que donnent les poissons et les viandes dont on charge les tables somptueuses, qui procure une vie heureuse, mais des habitudes raisonnables et sobres, une raison cherchant sans cesse des causes légitimes de choix ou d'aversion, et rejetant les opinions susceptibles d'apporter à l'âme le plus grand trouble.
Epicure, Lettre à Ménécée



Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas. Celles qui dépendent de nous, ce sont l'opinion, la tendance, le désir, l'aversion: en un mot tout ce qui est notre oeuvre. Celles qui ne dépendent pas de nous, ce sont le corps, les biens, la réputation, les dignités: en un mot tout ce qui n'est pas notre oeuvre.
Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres; nul ne peut les empêcher, rien ne peut les entraver; mais celles qui ne dépendent pas de nous sont impuissantes, esclaves, sujettes à empêchement, étrangères à nous.
Souviens-toi donc que, si tu crois libres ces choses qui, de par leur nature, sont serviles, et propres à toi celles qui sont étrangères, tu seras entravé, affligé, troublé, tu accuseras dieux et hommes. Mais si tu crois tien cela seul qui est tien, et étranger ce qui en effet t'est étranger, nul ne te forcera jamais à faire une chose, nul ne t'en empêchera; tu ne te plaindras de personne, tu n'accuseras personne; tu ne feras pas involontairement une seule action; personne ne te nuira, et d'ennemi, tu n'en auras point, car tu ne souffriras rien de nuisible.
Epictète, Manuel



Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde ; et généralement de m’accoutumer à croire qu’il n’y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu’après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible. Et ceci seul me semblait être suffisant pour m’empêcher de rien désirer à l’avenir que je n’acquisse, et ainsi pour me rendre content : car notre volonté ne se portant naturellement à désirer que les choses que notre entendement lui représente en quelque façon comme possibles, il est certain que si nous considérons tous les biens qui sont hors de nous comme également éloignés de notre pouvoir, nous n’aurons pas plus de regrets de manquer de ceux qui semblent être dus à notre naissance, lorsque nous en serons privés sans notre faute, que nous avons de ne posséder pas les royaumes de la Chine ou du Mexique ; et que, faisant, comme on dit, de nécessité vertu, nous ne désirerons pas d’avantage d’être sains étant malades, ou d’être libres étant en prison, que nous ne faisons maintenant d’avoir des corps d’une matière aussi peu incorruptible que les diamants, ou des ailes pour voler comme les oiseaux.

Descartes, Discours de la méthode, III


Malheur à qui n'a plus rien à désirer! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux, qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à. son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livré en quelque sorte, et pour, lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rien n'embellit plus cet objet:'aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit; l'ima­gination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité.
Vivre sans peine n’est pas un état d’homme. Vivre ainsi, c’est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu, serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer; toute autre privation serait plus supportable…
Rousseau, Emile, livre 5

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