L'inconscient

A vous de jouer

On a pas de cours exclusivement sur l'inconscient et j'en ai dans un de mes livres, alors je me suis dit que ça pourrait toujours servir, histoire de compléter les cours qu'on a déjà...

Le terme inconscient (du latin in, "non, contre", et conscire, "savoir") désigne l'ensemble des éléments qui échappent à la conscience. Cela peut renvoyer à l'inconscience, càd une forme de conscience affaiblie, mais aussi à "l'inconscient", qui définit alors un ensemble d'éléments psychiques (ou pensées) refoulées à l'écart de la conscience. Le problème est de savoir si cette forme de méconnaissance de soi remet en question les idées de "maîtrise de soi" et de "responsabilité", qui caractérisent notre dimension de sujet.

Auteurs :
- Leibniz, "les petites perceptions"
- Bergson, "des souvenirs inconscients"
- Freud, "un inconscient refoulé"
- Alain, "un unique sujet"
- Sartre, "la mauvaise foi"

1. L'INCONSCIENCE

A. L'inconscience du corps

L'inconscient serait d'abord constitué d'éléments ignorés par la conscience et relatifs au corps : phénomènes physiologiques (respiration, digestion...) qui sont inconscients, tics et réflexes, automatismes acquis par l'apprentissage et l'habitude (marcher, écrire...)

Ici la conscience ignore des éléments du corps. Le corps fonctionnerait sans la conscience.

B. L'inconscience de l'esprit.

Leibniz, Nouveaux Essais sur l'entendement humain (II), 1703 a écrit:C'est une grande source d'erreurs de croire qu'il n'y a aucune perception dans l'âme que celles qu'on aperçoit.

Leibniz met en évidence ce qu'il nomme "les petites perceptions" et qui sont des perceptions inconscientes, comme le bruit d'une vague ou celui d'un moulin (nous percevons ces bruits mais sans nous apercevoir) .

Ici, la conscience ignore des éléments de l'esprit :  l'esprit se représente bien certaines choses, mais le sujet n'en a pas conscience. Ce sont d'ailleurs ces "petites perceptions" qui seraient à l'origine des décisions que nous croyons prendre de façon arbitraire, la cause en étant trop subtile.

2. L'INCONSCIENT

A. Des pensées et souvenirs écartés par la conscience

Il est possible aussi de concevoir une autre forme d'éléments inconscients, qui ne seraient plus dus à une conscience affaiblie, mais à une forme de mise à l'écart de la conscience.

C'est ce que montre Bergson, dans L'Energie spirituelle, en interrogeant le phénomène du rêve. Selon cet auteur, lorsque nous ne dormons pas, un mécanisme cérébral empêche certains souvenirs et certaines pensées inutiles à l'action de se manifester. Ces éléments se manifestent seulement à travers les rêves.

B. Un inconscient psychique refoulé

Le Moi, le Ça et le Surmoi désignent les trois instances psychiques, les trois composantes de notre psychismes, de notre âme. Moi : partie la plus consciente de notre personnalité. Ça : ensemble des éléments que nous refoulons. Surmoi : censure morale héritée de l'éducation.

On peut aller plus loin et constater, avec Freud, que le sujet humain n'arrive pas à expliquer, par la conscience, certains phénomènes (actes, paroles, rêves...) : le lapsus, par exemple, montre que nous disons qq chose que notre conscience ne voulait pas dire et qu'elle n'explique pas. De telles manifestations sont, pour Freud, la preuve qu'il existe en nous des pensées que nous refusons de connaître, que nous refoulons.

Un tel inconscient montre que le sujet est obscur à lui-même, qu'il refuse certaines de ses pensées, certains de ses désirs.

Freud, Essais de psychanalyse appliquée, 1917 a écrit:le Moi n'est pas maître dans sa propre maison

3. CRITIQUES DE L'INCONSCIENT ET OBJECTIONS

A. L'inconscient ne serait pas un autre Moi

On peut toutefois s'inquiéter d'une telle dépossession du sujet : comment être encore responsable de nous-même et de nos actes si une partie de nous agit en nous et nous fait agir sans que nous puissions la maîtriser ? Ainsi, pour Alain, il faut réaffirmer l'unité du sujet déjà posée par Descartes, dans Eléments de philosophie, 1941:

Il n'y a point en nous de pensées sinon par l'unique sujet Je

C'est dire que le sujet reste entièrement responsable de lui-même et que l'inconscient ne doit pas servir d'excuse pour dire : "Je ne savais pas ce que je faisais" ou 'Je n'étais plus moi-même"

B. La mauvaise foi

Jean-Paul Sartre souligne la contradiction qu'il y a à affirmer, d'une part, le caractère inconscient de la censure morale (nous ne savons pas que nous refoulons) et, d'autre part, le tri qu'effectue la censure pour refouler certains éléments et qui suppose donc qu'elle sache ce qu'elle refoule.

Pour Sartre, l'inconscient n'est qu'une manière d'être de mauvaise foi. C'est se mentir à soi-même, faire semblant de ne pas savoir ce qu'au fond de soi l'on sait.

C. Le rôle de la psychanalyse malgré ces critiques

Malgré ces critiques, il faut reconnaître le mérite de la psychanalyse et de Freud, qui ont rendu possible l'exploration de cette partie inconnue de nous-même, qui se manifeste tout en se cachant et que nous ne pouvons feindre d'ignorer.

Merci, super cours!